Y ai bé passay cinq an si moi J'ai bien passé cinq ans six mois Au bâ d'Sainte Reine, Au bas de Sainte Reine Fasan l'amor selon lai loi, Faisant l'amour selon la loi Aivan mai bèle au lon de moi, Ayant ma belle au long de moi Su lé bor d'eine fonteine. Sur les bords d'une fontaine Lai biéle s'évance au devan, La belle s'avance au devant, Au devan d'sai meire, Au devant de sa mère: Mai meire, j'épouserai Jean, Ma mère, j'épouserai Jean, Y l'aîmerai bé tandreman, Je l'aimerai bien tendrement, Ostan qu'vo z'aîmé mon peire. Autant que vous aimez mon père. Quinze lon jor se son passai Quinze longs jours se sont passés Qu'y lai meune ai l'édîze, Avant que je la mène à l'église Lai tenan po dezeü mon brai, La tenant par dessous mon bras Ben eûrou d'me mairiay Bien heureux de me marier Aiveu mai cheire Denize. Avec ma chère Denise... Dieu no z'ai baillé dé z'anfan: Dieu nous a donné des enfants Vut gaçon, quate fille, Huit garçons, quatre filles Et, por aipré lé vint cinq an, Et, pour après les vingt-cinq ans, Y on fa not' neuce d'arjan, Nous avons fait notre noce d'argent Aiveu teute lai famille. Avec toute la famille J'espéron vivre anco lon tan, Nous espérons vivre encore longtemps Po mairiay nô gaceute, Pour marier nos filles Po breussay lô peti z'anfan, Pour bercer leurs petits enfants Et lo chantay su nô vieu z'an Et leur chanter sur nos vieilles années C'teu douce chanseneute. Cette douce chansonnette.
Extrait de Contes, fables et légendes en idiome bourguignon du Dr H. Berthaut, par Jean-Luc Carmoi, Fontaine-lès-Dijon.
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