Dijon et Bregogne
Qu'an sô né natif de Pissanje, Qu'on soit natif de Pichanges, De Lébarjeman, de Vairanje, De Labergement, de Varanges, De Spoy, de Lux vou de Pieuvau, De Spoy, de Lux ou de Pluvault, Si p'cheü qu'an saive c'que vau Si peu qu'on sache ce que vaut Le pindépice et lai montade, Le pain d'épices et la moutarde, Qu'an ainme lé fote razade, Qu'on aime les bonnes rasades, An di, d'aiveu l'Aimé Piron: On dit, à l'instar d'Aimé Piron: Ran n'a t'anco teï que Dijon! Rien n'est encore mieux que Dijon! Dijon! C'meü lai san lai féete, Dijon! Ce mot-là sent la fête, Lai pointe et l'espri fin, L'ironie et l'esprit fin, Le boneü bé pré d'lai téete, Le bonnet bien près de la tête, Et l'coeu su lai min. Et le coeur sur la main. An rancontre, dan cète ville, On rencontre dans cette ville Teute lé grâce et lé biâtay; Toutes les grâces et les beautés Câ l'paï dé bèle fille, C'est le pays des belles filles Dé gai luron, dé bareûzai. Des gais lurons, des vignerons An ai lai langue bé pandue, On a la langue bien pendue Po ripostay l'varbe pron, Pour riposter le verbe prompt En passan seuvan dan lé rue En passant souvent dans les rues De Beussuay, de Craibillon. De Bossuet, de Crébillon. Trois jo on niargue lai mitraille Trois jours on méprise la mitraille Dé foudri d'Aulemain lourdo, Des gros tas d'Allemands lourdeaux Quan, san rampar et san meuraille, Quand, sans remparts et sans muraille An se seuveîn du gran Carnot! On se souvient du grand Carnot! Si not' coquerillou Jan san peü Si notre batailleur Jean Sans Peur Ai fa biaîmi le Roy d'France A fait blêmir le Roi de France Si, vé l'fin fon d'lai Preuvance Si, au plus profond de la Provence, Dé zô d'ai no soiche au sereü, Des os à nous sèchent au soleil Mé bon luron, çai vo z'ensogne Mes bons lurons, cela vous enseigne Qu'en bé dé quarre ai retombi Qu'en bien des coins a retenti Le joyou son, le tarbe cri:
Le joyeux son, le cri terrible: Bregogne! Bourgogne! Si, no seuvenan d'lai meigne Si, nous souvenant de la mine Dé potoû d'kasque ai l'aiguzon, Des porteurs de casque à pointe Not coeu baitô dan no poitreigne, Notre coeur battait dans nos poitrines Bé sûr qu'ein jo, d'aiveu du piom, Bien sûr qu'un jour, avec du plomb Po lo z'y randre lai pairoille, Pour leur rendre la pareille Y lo subiereîn é z'airoille Nous leur sifflerions aux oreilles Le jeuli nom: Le joli nom: Dijon! Dijon!
Extrait de Contes, fables et légendes en idiome bourguignon du Dr H. Berthaut, par Jean-Luc Carmoi, Fontaine-lès-Dijon.
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