Le Marilleï / La Marguillier

 

 

 

Y vourô bé, disô-t'ein marilleï Je voudrais bien , disait un marguillier,
Queuneutre lai canaille, Connaître la canaille,
Le palteuquay, le ran qui vaille, Le paltoquet, le vaurien
Qu'é devodurai mon preneï! Qui a dévalisé mon prunier!
De quelère y le feurô pandre, De colère je le ferai pendre,
Vou teu t'au moin botre en prison; Ou tout au moins jeter en prison;
Ai c'soi, j'irai l'étanre, Et ce soir, j'irai l'attendre,
Caiché dan z'ein boûsson. Caché dans un buisson.
Y pranrai mon vieu sâbre, Je prendrai mon vieux sabre,
Et peu campai su l'âbre, Et puis, installé sur l'arbre,
Y l'y chérai dessu, Je lui tomberai dessus
Aipré lé z'Angélu. Après les Angélus.
   
Ai fâ qu'men ai di: Il fait comme il a dit:
Ai graivi su son âbre, Il grimpa sur son arbre,
En dégueînant son sâbre, En dégainant son sabre,
Et peu son home el étandi; Et puis il attendit son homme;
Ai fasô déji sombre, Il faisait déjà sombre,
Ma lu, suti moime dan l'ombre, Mais lui, vigilant même dans l'ombre,
Peuvô req'neutre le voleur Il pouvait reconnaître le voleur
Que s'aivanture ai pairoille heur. Qui s'aventure à pareille heure.
Teu por ein queü, d'aiveu méfiance, Tout par un coup, avec méfiance,
V'lai quécun qu's'aivance Voilà quelqu'un qui s'avance
Et s'esseute au pié du preneï. Et s'assoit au pied du prunier.
Câ mon brigan, pansô le marilleï. C'est mon brigand, pensa le marguillier.
   
Ai n'aitô pa teu sou. Il n'était pas tout seul
Eine jeune fillète Une jeune fille
S'épreuche ai pâ de lou; S'approche à pas de loup.
C'aitô lai p'tite Colète, C'était la petite Colette
Que venô treuvay son Colin. Qui venait retrouver son Colin.
Le gâ l'y di d'ein air câlin: Le gars lui dit d'un air câlin:
Mon Dieu qu'vô z'éte jantite, Mon dieu que vous êtes gentille,
Colète mai petite; Colette, ma petite;
Colin, mon chér aimi, mâ toi, Colin, mon cher ami, mais toi,
Tié ma fi pu janti qu'moi; Tu es ma foi plus gentil que moi;
Et po répondre ai sai tandraice Et pour répondre à sa tendresse
V'lai Colin qu'lai ranbraice... Voilà Colin qui l'embrasse...
   
Ma mé z'enfan, lo di l'marilleï Eh bien, mes enfants, leur dit le marguillier
En ricanan su son preneï, En ricanant sur son prunier
Pusque çâ c'lai que vo z'émeune, Puisque c'est cela qui vous amène
Y m'en vai vo craülay lé preune. Je vais vous secouer les prunes.
   
Ne no fion pa ai Ne nous fions pas à
l'aipairance. l'apparence.

 

 

Extrait de Contes, fables et légendes en idiome bourguignon du Dr H. Berthaut, par Jean-Luc Carmoi, Fontaine-lès-Dijon.

 

 

 

 

 


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